lundi 11 mai 2009

Hippocrate, après avoir...

Hippocrate, après avoir guéri bien des maladies, tomba malade lui-même et mourut. Les Chaldéens, qui avaient prédit la mort d’un grand nombre d’hommes, ont été à leur tour saisis par le destin. Alexandre, Pompée, Cafus César, après avoir tant de fois détruit de fond en comble des villes entières et taillé en pièces en bataille rangée de nombreuses myriades de cavaliers et de fantassins, finirent eux aussi par sortir de la vie. Héraclite, après d’aussi savantes recherches sur l’embrasement du monde, l’intérieur rempli d’eau et le corps enduit de bouse, trépassas. La vermine fit mourir Démocrite, et une autre sorte de vermine, Socrate. Qu’est-ce à dire ? Tu t’es embarqué, tu as navigué, tu as accosté : débarque ! Si c’est pour entrer dans une autre vie, là non plus rien n’est vide de Dieux ; mais si c’est pour tomber dans l’insensibilité, tu cesseras d’avoir à supporter les peines et les plaisirs, d’être asservi à une enveloppe d’autant plus vile qu’est noble la partie de ton être qui est en servitude : l’une est intelligence et divinité ; l’autre, terre et sang mêlée de boue.

Marc Aurèle, « Pensées pour moi-même » - Livre III - 3.

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