dimanche 24 mai 2009

Corps, âme, intelligence...

Corps, âme, intelligence. Au corps, les sensations ; à l’âme, les impulsions ; à l’intelligence, les principes. Être impressionné par une représentation appartient même aux brutes ; être mu comme par des fils par les impulsions appartient aux fauves, aux efféminés, à Phalaris et à Néron. Mais avoir l’intelligence pour se guider vers ce qui paraît être de notre devoir, appartient même à ceux qui nient les Dieux, délaissent leur patrie et agissent lorsqu’ils ont clos les portes. Si donc tout le reste est commun aux êtres que j’ai dits, ce qui reste en propre à l’homme de bien est d’aimer et d’accueillir avec satisfaction les accidents fortuits et les événements filés en même temps que son destin, de ne jamais embrouiller ni abasourdir par une foule d’images le Génie intérieur qui réside au fond de sa poitrine, mais de le conserver dans la sérénité, régulièrement soumis à Dieu, sans proférer une parole contraire à la vérité, sans jamais ne rien faire à l’encontre de la justice. Et, même si tous les hommes se refusent à croire qu’il vit avec simplicité, réserve et débonnaireté, il ne s’irrite contre personne, et il ne dévie pas de la route qui mène au terme de la vie, terme qu’il faut atteindre en étant pur, calme, dégagé, et en s’accommodant sans violence à sa destinée.

Marc Aurèle, « Pensées pour moi-même » - Livre III - 16.

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