lundi 27 avril 2009

Comme tout s’évanouit promptement...

Comme tout s’évanouit promptement : les corps eux-mêmes dans le monde, et leur souvenir dans la durée ! Tels sont tous les objets sensibles, et particulièrement ceux qui nous amorcent par l’appât du plaisir, qui nous effraient par l’idée de la douleur, ou bien qui nous font jeter des cris d’orgueil. Que tout cela est vil, méprisable, abject, putride et mort, aux yeux de la raison qui peut s’en rendre compte ! Que sont donc ceux dont l’opinion et la voix donnent la célébrité ? Qu’est-ce que mourir ? Si l’on envisage la mort en elle-même, et si, divisant sa notion, on en écarte les fantômes dont elle s’est revêtue, il ne restera plus autre chose à penser, sinon qu’elle est une action naturelle. Or celui qui redoute une action naturelle est un enfant. La mort pourtant n’est pas uniquement une action naturelle, mais c’est encore une œuvre utile à la nature. Comment l’homme touche-t-il à Dieu ? Par quelle partie de lui-même, et comment surtout cette partie de l’homme s’y trouve-t-elle disposée ?

Marc Aurèle, « Pensées pour moi-même » - Livre II - 12.

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